Favoriser l’engagement dans les exercices et les devoirs avec une note d’implication

Une expérimentation du groupe TraAM EcoGestion Lyon (2021-22).
Par Fanny Couder – Institution des Charteux, Lyon (69)

Résumé

Pour chaque travail proposé en classe ou à la maison, l’enseignante demande à ses étudiants de déposer le résultat de l’exercice sur une plateforme numérique. En fin de semestre, l’enseignante note l’implication de chaque étudiant dans l’exhaustivité des devoirs et fait un bilan individuel des travaux rendus.

Cette évaluation vise à apprécier l’effort fourni, quelles que soient les difficultés de chacun, et non la qualité du rendu. L’objectif de la démarche est de valoriser l’implication des étudiants dans la réalisation des travaux donnés en cours et/ou à terminer chez soi.

Vidéo résumé : https://tube.ac-lyon.fr/w/kEZrdq8hj2PFRSDAL5yHw4

​Contexte

L’expérimentation est menée au quotidien, durant toute l’année scolaire, au sein de 3 classes de BTS Informatique (SIO) et Comptabilité‐Gestion (CG), pour la 5ème année consécutive.

Objectifs pédagogiques

• Mettre en avant les étudiants qui s’impliquent au quotidien, même s’ils ont des difficultés
• Renforcer l’autonomie et la motivation des étudiants dans et hors la classe

Indicateurs

• Mesure du taux de travaux faits
• Effet de la note d’implication sur la moyenne
• Comparaison entre le niveau académique des étudiants d’une classe et leur note d’implication

Problématiques

Il arrive que certains étudiants n’aient pas le temps de terminer le travail donné pendant la séance, le plus souvent ceux qui ont besoin de plus de temps pour comprendre les énoncés ou pour organiser leur pensée. En général, ils sont nombreux à abandonner le travail dans l’état dans lequel ils l’ont laissé à la fin de la séance pour passer à autre chose.

Autre constat : certains étudiants travaillent énormément pour compenser des difficultés de compréhension ou d’expression, sans que leurs efforts ne soient valorisés puisque les difficultés prennent le dessus en évaluation classique. Peu à peu, ils se démotivent et se relâchent.

Enfin, il arrive pour tout professeur de surestimer (volontairement ou non) le travail à effectuer pendant une séance et de demander à ses étudiants de terminer un exercice en autonomie, pour pouvoir se concentrer sur sa correction lors de la séance suivante.

La note d’implication me permet de répondre à ces problématiques :

• motiver les étudiants plus lents à terminer leurs travaux ;
• reconnaitre les efforts de ceux qui sont sincèrement impliqués, quelles que soient leurs difficultés ;
• m’assurer que les travaux donnés en classe et à la maison seront réalisés.

Dispositif proposé

Déroulé

L’implication est évaluée avec tous types de travaux :

• Travaux Pratiques sur ordinateur ;
• Travaux Dirigés sur feuille ;
• études de cas ;
• etc.

À la fin du semestre, je mesure la portion de l’exercice effectuée :

• travail terminé = 20/20 ;
• travail en partie non terminé = 15/20 ;
• travail rendu vide = 10/20 ;
• travail non rendu = 0/20

La moyenne des notes ainsi obtenues constitue une note d’implication, pondérée à 10% du total des pondérations des autres évaluations.

Matériel

Il est demandé aux étudiants de déposer leur travail sur l’Environnement Numérique de Travail de l’école, par exemple Moodle ou Teams.
Les travaux numériques sont rendus dans le format choisi par l’étudiant (.docx, .odt, .pdf, etc.).
Les étudiants qui travaillent sur feuille le photographient et le déposent sur l’ENT.

Mise en œuvre

Les séances se déroulent de façon très classique : j’alterne des moments de cours magistral, des travaux dirigés, des travaux pratiques, des études plus complexes, etc. La tâche à effectuer est généralement guidée par un support de plusieurs questions auxquelles l’étudiant doit répondre, ou un résultat précis auquel il doit aboutir.

À chaque fois qu’un travail se termine, je demande aux étudiants de déposer un fichier comportant leurs réponses ou le résultat de leur travail sur l’ENT. Cela me permet de les stocker au fil du semestre.

Lors de la séance suivante, je procède à une remédiation de façon classique : chacun s’autocorrige, je réexplique plusieurs fois si besoin et je ramasse parfois des travaux pour mettre une note de « qualité ».

À la fin du semestre, je reprends tous les travaux rendus et j’attribue une note sur 20, en fonction du nombre de questions traitées. Ainsi, celui qui aura tout rendu, qui aura essayé de tout faire, à chaque travail demandé, aura 20/20 d’implication.

Ce dispositif fait abstraction des difficultés de chacun, puisque je ne note pas la qualité du rendu mais l’effort fourni (« j’ai tenté quelque chose à chaque question »).

Juste avant le conseil de classe, je fais le point avec chacun de mes étudiants pour voir ce qu’il n’a pas rendu, pourquoi, et comment le faire progresser au prochain semestre. Je félicite ceux qui ont tout rendu, ce qui les rend très fiers, surtout quand ils sont plutôt habitués aux mauvaises notes en DS !

Chaque année, certains réalisent que leur désinvolture les a conduits à un petit 12/20 d’implication, alors que des camarades « moins forts » ont amélioré leur moyenne avec un 20/20 « facile ». Ils se mettent plus au travail le semestre suivant !

Pour que cela fonctionne, je reste souple dans les dates de rendu. Si un étudiant a besoin d’une semaine supplémentaire pour finir un TP, ce n’est pas un souci ; le principal est qu’il le fasse jusqu’au bout (tant que cela ne gêne pas ma progression).

Avantages et limites du projet

Un meilleur taux de réalisation des devoirs

Mon estimation personnelle, quand je donne un travail à terminer à la maison, est qu’une bonne moitié de la classe ne l’a pas fait au démarrage de la séance suivante. Au contraire, pour les devoirs qui entrent dans le cadre de la note d’implication, j’obtiens 91% de rendus, ce qui correspond à une note d’implication moyenne de 18,3/20, toutes matières et toutes classes confondues.

Un retour positif des étudiants

Par ailleurs, un grand nombre d’étudiants eux‐mêmes notent un bénéfice :

• « C’est bien, c’est une bonne note facile quand on est assidu dans la matière. »
  A., premier de sa classe
• « Ça me pousse à terminer les TP, à essayer de traiter toutes les questions, même si je n’y arrive pas bien ».
  « Les dates de rendu affichées sur l’ENT m’aident à m’organiser. »
  T., étudiant en difficultés
• « Ça m’a permis de prendre de meilleures habitudes. »
  « Ça m’a aidé à structurer ma façon de bosser, c’est plus facile cette année de travailler régulièrement, même dans d’autres matières. »
  B. étudiant en difficulté l’année dernière

Interrogés, les étudiants peu motivés ne notent pas d’impact de la note d’implication sur leurs habitudes de travail. Ce dispositif permet néanmoins de mettre en évidence ces élèves mal orientés ou en décrochage : bien souvent, ils ne font pas les devoirs demandés et ont une note d’implication faible. Malheureusement, cette note n’est pas non plus suffisante pour opérer un déblocage chez eux.

Un faible impact sur l’évaluation qualitative

Par ailleurs, ce dispositif ne révolutionne pas les moyennes des étudiants, comme on pourrait le craindre, puisque le gain n’est que de 0,5 point dans les matières où la note d’implication est en place. Cela permet à la fois de motiver les étudiants, sans pour autant fausser l’évaluation qualitative de leur niveau.

Le bénéfice du numérique

Dernier avantage de ce dispositif : l’utilisation de l’ENT me permet de constituer une banque de travaux qui s’enrichit au fil des séances, sans que je ne retienne de copie, ni que je ne me presse de rendre des notes. D’un point de vue pratique, je regarde les rendus tranquillement une fois à chaque période de vacances, mais cela constitue tout de même un travail conséquent.

Éléments transposables

• Le suivi personnalisé des rendus peut se faire dans tous les niveaux de classe
• La collecte des travaux est réalisable avec n’importe quel ENT
• Le travail sur papier est possible, en prenant par exemple une photo de la feuille d’exercices et en la déposant sur l’ENT

Annexes

• Tableau de synthèse des travaux notés dans une matière.
• Statistiques exposant les résultats obtenus avec ce dispositif sur 3 années, dans 8 matières au sein de 3 classes de BTS SIO et BTS CG.